Celle qui reste

Vidéo de l’interview autour de l’exposition CELLE QUI RESTE

CELLE QUI RESTE est un ensemble de série autour du deuil et de la maternité.
Une première exposition à lieu à Nantes au Centre Claude Cahun. Puis elle voyagera à travers le Réseau Diagonal au Graph à Carcassonne puis à la Galerie Le lieu à Lorient en 2025.
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Comment s’arranger avec l’absence ? Cette question occupe l’histoire des images depuis le début, quand les mains négatives, dans les grottes paléolithiques, se faisaient les traces d’êtres passés. (…) Seulement ici : dans ce projet que Juliette Parisot nomme « M », l’image et son concept sont retournés comme des gants. Les images de Juliette ne sont pas une représentation du monde ou d’individus, elles présentent le néant et le donnent à toucher.
Nous avons découvert le travail de Juliette lors des Rencontres d’Arles en 2020. Et nous avons vécu ce rendez-vous, supposément normé par la cadence des lectures de portfolios, comme une déflagration. L’histoire de Juliette est aussi brute que brutale, âpre, mais ce n’est pas sa dureté qui rend son travail puissant. En choisissant l’image (photographique autant que vidéographique ou installée) pour donner une forme à sa vie éclatée, Juliette fait exploser le cadre de la définition même de la représentation. C’est dans l’écart avec ce qu’elle représente que l’image de Juliette Parisot transforme, invente, construit et constitue aussi le sujet qu’elle donne à voir. Entre représentation de la figure humaine et traces de la mort, la pratique du portrait que met en scène Juliette pose la question de l’imitation des modèles véhiculés par notre culture, qui articulent reconnaissance et imaginaire. Car avec cet ensemble de séries qui forme un tout, Juliette Parisot, engage les images dans une lutte où l’espoir n’a pas de place. Ce qui reste c’est l’absence, l’image fantôme ne comble pas, ne remplace pas, elle souligne, elle matérialise le vide.

Émilie Houssa – Co-directrice du Centre Claude Cahun

Galerie Delacroix – Institut Français

GALERIE DELACROIX DE L’INSTITUT FRANÇAIS DE TANGER AU MAROC

Exposition de L’Heure Bleue à la Galerie Delacroix de L’Institut Français de Tanger au Maroc du 1er février au 4 avril 2018

La Villa Baltazar

Exposition L’Heure Bleue à La Villa Baltazar avec Aurélie Froussard et Estelle Jourdain à Valence durant l’automne 2017

heures bleues

 

Composé de bleus en dégradés, le tracé que les photographies dessinent recréé un horizon, qui d’est en ouest, voit le soleil se coucher, et les bleus s’assombrir. Cet horizon est construit avec des photos de ciel prises à des jours, des années différentes, assemblées pour créer l’unité d’un espace temps. Il permet au spectateur de faire l’expérience de parcourir symboliquement ce moment par sa représentation.

Le projet l’Heure Bleue dans son ensemble réclame une pratique régulière de la photographie. Dans le processus de création que je me suis fixé, je dois prendre le ciel en photo quotidiennement, sans indices spatio-temporels.
Alors, l’heure bleue devient universelle, que les photos soient prises à New York, Paris, Bangkok, Lyon, Amsterdam ou Tanger.

Je photographie l’heure bleue du jour à l’indistinction totale de la nuit. Il se dégage de cette atmosphère colorée un flottement, comme dans les rêves.
Les objets se transforment, se déguisent, nous trompent. La raison hésite, ce que nous croyons voir nous échappe. « Entre chien et loup » la lucidité vacille. J’impose une géographie imaginaire.

Cette série est construite comme un journal intime visuel : un rythme chronologique de monochromes bleus où des images figuratives (narratives ou documentaires) viennent s’intercaler. Elles figurent des expériences sensorielles du paysage, de l’architecture, du voyage, du quotidien… A la frontière entre le réel et l’imaginaire, l’idée d’un cheminement, d’un voyage, plus intérieur que tangible se dessine.

l’Étable de Beaumontel

 

Exposition de l’Heure Bleue à l’Étable de Beaumontel avec Carlos Torres au printemps 2015.

le Polaris

 

Exposition de l’Heure Bleue au Polaris, commissariat de Stani Chaine, à Corbas durant l’automne 2014.

biennale de Nîmes

 

Pour la 8éme biennale européenne d’art contemporain de Nîmes durant l’été 2013, j’ai investi plusieurs murs de la ville : le 6 rue Laget, le 7 rue de l’Hôtel Dieu ainsi que rue Briçonnet sur un mur du Lycée Saint Vincent de Paul.

Chaque soir, la lumière bleue de cette heure particulière, teinte les murs de la ville.
Mon projet pour cette biennale dont le thème est « dehors et de rêve » est de « contaminer » des murs de Nîmes avec mes heures bleues imaginaires.

Ce type d’accrochage induit une fragilité matérielle et temporelle que j’associe à celle du rêve et de son souvenir.
Les photographies collées se désagrègent avec le temps ou les intempéries. Elles existent comme des trouées poétiques dans le flux du quotidien, des espaces de respiration et de rêve, pour quelques temps, à l’image de la fugacité de l’heure bleue.

Confronter le corps urbain à un espace poétique, c’est la possibilité d’envisager des moments de pause physique et psychique dans la ville.
Les passants lèvent les yeux sur l’architecture et les heures bleues, et finalement sur le ciel, sorte d’évasion visuelle vers l’immatériel, geste libérateur.

opéra péri-urbain, l’entracte

 

“Non–lieu“ : espaces interchangeables où l’être humain reste anonyme, tel que les moyens de transport, les supermarchés, les grandes chaines hôtelières, ou les aéroports, selon Marc Augé.

Les parkings de grandes surfaces aux frontières des villes comme “non-lieux“.

Les parkings sont des lieux autoritaires, où tout est pensé et agencé pour la visibilité d’une marque ou d’un produit. Lieux où le parcours du client est tracé, dicté et balisé pour lui.

Les voitures absentes, le parking est vidé de ses fonctions. La disparition des messages à l’intention des “clients“ laisse place à un vide encore plus grand où architectures muettes et sérialité des caddies font face à un vide anormal.

Les mises en scènes de personnages dans des actions stéréotypées de loisirs, ou de la vie quotidienne, introduisent une fiction et créent un contraste avec l’inhospitalité du décor pourtant si coloré. Ces situations pointent du doigt l’inhumanité de ces endroits.

Comme une série de photographies d’anticipations, ces images questionnent notre paysage présent mais aussi celui du futur, ainsi que la place de l’être humain.

 

 

 

 

Marchands de sable

 

Chaque été, sur les plages jonchées de vacanciers, un lent défilé de silhouettes bariolées glisse entre les corps offerts au soleil. Ces marcheurs éveillent peu de regards et restent invisibles à la foule allongée …

Ils sont les marchands ambulants, porteurs de paréos, breloques, robes ou cerfs volants, lunettes en plastique, faux panamas, bijoux en toc.

Les cadrages resserrés au plus près de leurs marchandises insistent sur la perte d’identité de chaque vendeur, comme en écho à leur précarité.
Leurs têtes sont coupées, ils sont réduits à ce qu’ils vendent, on ne distingue parfois qu’un bras ou une main. Ils sont porteurs, vendeurs à la sauvette, évoluant en parallèle d’autres tribus.
Ils deviennent des formes graphiques, des masses de couleurs, des amas de motifs, sortes de sculptures mouvantes sur le sable.

Parfois l’œil hésite sur une forme, avant d’en comprendre le sens. Il ne reste qu’une certaine idée de direction, du sens de la marche, induit par le profil et parfois le mouvement des corps. La succession de ces corps alignés restitue l’impression d’une marche sans fin.