Vidéo de l’interview autour de l’exposition CELLE QUI RESTE
CELLE QUI RESTE est un ensemble de série autour du deuil et de la maternité.
Une première exposition à lieu à Nantes au Centre Claude Cahun. Puis elle voyagera à travers le Réseau Diagonal au Graph à Carcassonne puis à la Galerie Le lieu à Lorient en 2025.
——
Comment s’arranger avec l’absence ? Cette question occupe l’histoire des images depuis le début, quand les mains négatives, dans les grottes paléolithiques, se faisaient les traces d’êtres passés. (…) Seulement ici : dans ce projet que Juliette Parisot nomme « M », l’image et son concept sont retournés comme des gants. Les images de Juliette ne sont pas une représentation du monde ou d’individus, elles présentent le néant et le donnent à toucher.
Nous avons découvert le travail de Juliette lors des Rencontres d’Arles en 2020. Et nous avons vécu ce rendez-vous, supposément normé par la cadence des lectures de portfolios, comme une déflagration. L’histoire de Juliette est aussi brute que brutale, âpre, mais ce n’est pas sa dureté qui rend son travail puissant. En choisissant l’image (photographique autant que vidéographique ou installée) pour donner une forme à sa vie éclatée, Juliette fait exploser le cadre de la définition même de la représentation. C’est dans l’écart avec ce qu’elle représente que l’image de Juliette Parisot transforme, invente, construit et constitue aussi le sujet qu’elle donne à voir. Entre représentation de la figure humaine et traces de la mort, la pratique du portrait que met en scène Juliette pose la question de l’imitation des modèles véhiculés par notre culture, qui articulent reconnaissance et imaginaire. Car avec cet ensemble de séries qui forme un tout, Juliette Parisot, engage les images dans une lutte où l’espoir n’a pas de place. Ce qui reste c’est l’absence, l’image fantôme ne comble pas, ne remplace pas, elle souligne, elle matérialise le vide.
Émilie Houssa – Co-directrice du Centre Claude Cahun