le Palais Ben Abbou

Cette série est d’abord née d’une urgence, photographier le passé, les traces de l’histoire d’un lieu en train de s’effondrer : le Palais Ben Abbou.

Des archives montrent l’opulence et la richesse de ce petit palais du XVIIe siècle de la kasbah de Tanger, au Maroc, où vivait Absalam Akaboune, le dernier propriétaire, jusqu’à son décès en 2008. Encore au XXe siècle, ce palais connut des heures de gloire en accueillant de nombreuses personnalités et événements, tel l’enregistrement de la chanson Continental Drift des Rolling Stones avec les Jajouka, en 1989.

Depuis, le palais est habité par un gardien, mais se détériore car faute d’argent il n’est plus entretenu. Comme tous les bâtiments abandonnés de Tanger, la dégradation architecturale est excessivement rapide.

Ce n’est pas seulement un palais en ruine, mais les strates de sa décadence qui sont visibles dans cette série. Ainsi, des incohérences temporelles apparaissent dans les images tel ce fil électrique sortant d’un moucharabié.
Ces photographies illustrent la schizophrénie de cet endroit : un passé flamboyant et un présent médiocre. On y ressent un palais en attente, où la complexité de l’habiter se mêle à l’effondrement de la mémoire, alors que les ruines stimulent l’imaginaire de celui qui passe.

Articulée autour des notions d’habitat, de temps et des émotions qui les constituent, cette série fait appel à la nostalgie et aux fantasmes qui nous envahissent dans ces vestiges de l’Histoire architecturale, et dans les traces laissées par ceux qui y ont vécu.

2012