Chaque été, sur les plages jonchées de vacanciers, un lent défilé de silhouettes bariolées glisse entre les corps offerts au soleil. Ces marcheurs éveillent peu de regards et restent invisibles à la foule allongée …
Ils sont les marchands ambulants, porteurs de paréos, breloques, robes ou cerfs volants, lunettes en plastique, faux panamas, bijoux en toc.
Les cadrages resserrés au plus près de leurs marchandises insistent sur la perte d’identité de chaque vendeur, comme en écho à leur précarité.
Leurs têtes sont coupées, ils sont réduits à ce qu’ils vendent, on ne distingue parfois qu’un bras ou une main. Ils sont porteurs, vendeurs à la sauvette, évoluant en parallèle d’autres tribus.
Ils deviennent des formes graphiques, des masses de couleurs, des amas de motifs, sortes de sculptures mouvantes sur le sable.
Parfois l’œil hésite sur une forme, avant d’en comprendre le sens. Il ne reste qu’une certaine idée de direction, du sens de la marche, induit par le profil et parfois le mouvement des corps. La succession de ces corps alignés restitue l’impression d’une marche sans fin.